07 juillet 2009

La France va se doter d'un centre d'alerte aux Tsunamis

Fin 2011, la France devrait disposer d'un centre régional d'alerte aux tsunamis qui sera opérationnel sur toutes les côtes exposées. Le dispositif, qui a reçu pour nom de baptême Cratanem (Centre régional d'alerte aux tsunamis dans l'Atlantique du nord-est et la Méditerranée), devrait être officiellement mis en chantier début juillet 2009, dès la signature de la convention liant ses deux bailleurs de fonds: les ministères de l'intérieur et de l'environnement. La responsabilité opérationnelle du centre sera confiée au Commissariat à l'énergie atomique (CEA).



"En cas de séisme au large des côtes nord-africaines, on peut disposer d'une heure, voire de deux heures maximum, pour alerter les populations exposées sur les côtes françaises, explique François Schindelé, spécialiste de l'aléa tsunami au CEA. En revanche, si un séisme survient en mer Ligure (au nord de la Corse), on peut n'avoir qu'un quart d'heure avant que la vague ne touche les mêmes côtes."

Quinze minutes : c'est donc la durée de temps maximale qui devra s'écouler entre la survenue d'un séisme sous-marin en Méditerranée ou dans l'Atlantique du nord-est, et l'évaluation du risque de tsunami par le Cratanem.

Le budget de 14 millions d'euros alloué au projet pour les cinq prochaines années devra permettre la mise à niveau des stations sismographiques du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et du CEA dispersées sur les deux bassins. De même, les stations marégraphiques du service hydrographique et océanographique de la marine (SHOM) devront être adaptées pour pouvoir suivre en temps réel - et non ponctuellement, à intervalles de temps réguliers - les variations du niveau de la mer et les communiquer au Cratanem. Des stations de mesures italiennes, allemandes ou portugaises seront également utilisées.

Derrière un cahier des charges en apparence simple se cachent des questions scientifiques pointues. En fonction des divers paramètres mesurés (magnitude du séisme, zone sismique en cause, variations consécutives - positives ou négatives - du niveau de la mer dans certaines zones, etc.), le système d'alerte devra calculer en temps réel l'intensité du risque et les zones les plus exposées.

En cas de séisme, le Cratanem devra fournir, dans le quart d'heure suivant l'événement, son analyse de la situation aux acteurs de la protection civile, mais aussi aux autorités ad hoc dans les pays riverains. Dans le cadre d'accords conclus sous l'égide de l'Unesco début 2005, la France est en effet investie d'une responsabilité régionale dans la surveillance de la Méditerranée occidentale - l'Italie l'étant sur l'Adriatique, le Portugal sur l'Atlantique du nord-est, la Grèce et la Turquie sur la mer Egée.

Une fois donnée cette alerte dite "montante", un système d'alerte dit "descendant" - des autorités vers les populations - devra être activé. En France, la direction de la sécurité civile est chargée d'imaginer ces procédures qui devront permettre, en fonction de la hauteur attendue de la vague et de la nature des littoraux - les plages et les zones portuaires étant les plus vulnérables -, de prévenir au plus vite les populations.

Cette phase d' "ingénierie sociale" est critique : elle nécessite la sensibilisation du public au risque, la collaboration des collectivités locales, ainsi que la mise en place de matériels (sirènes, etc.) et de procédures destinées à n'être activées que très rarement.
Sources : Le Monde